Libération des prisonniers politiques : Franck Diongo et Firmin Yangambi enfin dehors
L’acteur politique et l’activiste des droits de l’homme faisaient partie des cas dits emblématiques des détenus sur lesquels l’opposition insistait depuis 2016. Environ sept-cent autres personnes sont concernées dans l’ensemble du pays par la grâce présidentielle.
Après mout tergiversations, la présidence de la République est finalement passée à l’acte, en libérant les prisonniers politiques et d’opinion, conformément au vœu exprimé par Félix Tshisekedi lors de la présentation de son programme d’urgence de cent jours. L’annonce de la série de libérations a été faite officiellement le 13 mars, à la télévision nationale, par Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du chef de l’Etat.
Deux prisonniers présentés comme des cas emblématiques, en l’occurrence Firmin Yangambi et Franck Diongo, ont recouvré leur liberté à la suite de la grâce présidentielle dont ils sont bénéficiaires.
Sept-cent autres personnes sont concernées par cette décision sur l’ensemble du pays, a indiqué Vital Kamerhe qui, par, ailleurs, a lancé un appel à toutes les personnes concernées par l’arrestation d’un membre de leur famille, entre le 1er janvier 2015 et le 31 décembre 2018, de se signaler pour que soit enclenché le processus de leur libération. « Tous ceux qui ont été arrêtés pour des faits politiques pourront être libérés », a assuré le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi.
A noter cependant que d’autres catégories de prisonniers ne sont pas concernées par cette série de libérations, à l’instar de ceux cités dans le dossier de l’assassinat de l’ancien chef de l’Etat, Laurent Désiré Kabila. C’est notamment le cas de l’ancien colonel Eddy Kapend, de Leta Mangassa et de bien d’autres. Et, d’ailleurs, leurs noms n’ont même pas été repris sur la liste harmonisée lors des échanges entre le président de la République et le président du Conseil national du suivi de l’Accord de la Saint Sylvestre, Joseph Olenghankoy. Il en est de même des condamnés fugitifs, des personnes condamnées pour infractions relatives aux violences sexuelles, assassinats, meurtres, vols à mains armées, détention illégale d’armes de guerre, crime de guerre, crime contre l’humanité, corruption, concussion, viols, infractions contre l’intégrité du territoire, etc. Toutes ces personnes ne sont pas non plus concernées par la grâce présidentielle.
A propos d’Eugène Diomi Ndongala, le leader de la Démocratie chrétienne, il devra encore patienter. D’après Vital Kamerhe, l’opposant ayant purgé les trois quarts de sa peine, une liberté conditionnelle lui est, d’ores et déjà, garantie, quitte au ministre de la justice, Thambwe Mwamba, en séjour l’étranger, de signer l’arrêté y afférent. Ce qui ne rassure pas ses partisans qui dénoncent un achernement contre leur leader.
Pour rappel, Firmin Yangambi, président de l’ONG de défense des droits de l’homme Paix sur terre et avocat à la Cour pénale internationale, a été condamné en appel, en 2011, à vingt ans de servitude pénale par la Haute cour militaire de Kinshasa, pour tentative d’organisation d’un mouvement insurrectionnel et détention illégale d’armes de guerre.
Quant au président du Mouvement lumumbiste progressiste, Franck Diongo, la Cour de cassation avait confirmé, le 5 septembre 2018, sa condamnation à cinq ans de prison ferme pour avoir couvert, en tant qu’auteur intellectuel, la séquestration des militaires de la Garde républicaine, dans sa résidence du quartier des Anciens combattants, à Binza/Ozone, en décembre 2016.