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LE PLAN DE SORTIE DE CRISE DE BALKANISATION ET D’INSECURITE DANS L’EST DU CONGO Par L’HONORABLE FRANCK DIONGO

LE PLAN DE SORTIE DE CRISE DE BALKANISATION ET D’INSECURITE DANS L’EST DU CONGO Par L’HONORABLE FRANCK DIONGO

Depuis 1994, notre pays connait des crises récurrentes dans sa partie Est dont les conséquences sont néfastes pour notre Nation.

Au moment où nous parlons, 4 ans après la première alternance politique, le pays compte 5 millions de déplacés internes, 500.000 réfugiés congolais hors de nos frontières, 2 provinces sous état de siège, une Province en proie à conflit inter-ethnique (Maï-Ndombe et Kwilu) et un Territoire Bunagana occupé par des troupes étrangères, à l’occurrence Rwandaises et Ougandaises ; Rutshuru et Goma menacés d’occupation, nos richesses sont systématiquement pillées par ces forces d’agression précitées ;  dans temps, nos compatriotes sont en train de subir des tortures, des viols et toutes sortes des affres de la guerre sans une lueur d’espoir de connaître une fin définitive à ce génocide à huis clos de plus de dix millions de victimes.

Nous nous levons aujourd’hui parce que nous sommes convaincus qu’il y a un réel péril en la demeure après une instabilité permanente de 28 ans durant. Le plan de la balkanisation du Congo est en marche et a atteint sa phase finale, il faut le stopper.

Notre plan de sortie de crise s’articule en trois parties : d’abord nous ferons un bref diagnostique de la situation, ensuite nous démontrerons comment toutes les institutions politiques ont échoué dans la gestion de ce dossier de Balkanisation et insécurité en l’Est, enfin nous présenterons notre plan de sortie de crise.

  1. LA NATURE DES CRISES RECURRENTES DANS L’EST DU CONGO   

La crise que nous connaissons dans l’Est du pays comporte trois dimensions : c’est une crise géopolitique, une crise géostratégique, et une crise de balkanisation de la République Démocratique du Congo.

La géopolitique selon un spécialiste est « l’étude des relations qui existent entre la conduite d’une politique de puissance portée sur le plan international et le cadre géographique dans lequel elle s’exerce » ; vous comprendrez que notre pays est justement le cadre géographique où les puissances du monde veulent asseoir leur politique de puissance internationale.

La crise est géostratégique parce qu’il existe l’usage des menaces tacites et explicites, aussi bien que la présence des armées étrangères sur notre territoire en vue de propulser des visées politiques ; mais aussi, parce que les étrangers en général et certains pays voisins bien connus ont étudié nos ressources géographiques, économiques, politiques et culturelles pour nous dominer et nous balkaniser, alors que nous ne faisons rien pour connaitre leurs forces et faiblesses relevant des mêmes forces chez-eux pour les empêcher de s’organiser et de nous détruire.

La crise est enfin une crise de balkanisation car elle vise la désintégration et la décomposition de l’Etat et de la Société Congolaise.

En effet, comme au 19ème siècle soit deux siècles après, le Congo est de nouveau au centre des enjeux géopolitiques graves qui risquent de le déchiqueter. Les puissances de notre planète sont bousculées par le nouvel ordre économique mondial et l’accès aux minerais stratégiques congolais devient crucial dans la réalisation de leur politique de puissance internationale.

C’est cet accès à nos matières premières qui constitue la pierre angulaire de l’insécurité dans l’Est de notre pays. En effet, profitant du génocide rwandais, la Communauté internationale a mis en place des puissants lobbies qui ont retenu la révision des frontières dans la région des grands lacs, proposée par le Professeur ALI MAZRUI, comme solution à l’instabilité que connaît cette région. Alors que l’agenda caché derrière cette solution mortifère est la somalisation et l’exploitation illégale de nos ressources minières et la balkanisation du Congo. Me KAMANDA WA KAMANDA, alors Ministre des Affaires Etrangères, et le Parlementaire VANGU MAMBWENI avaient informé la Conférence Nationale Souveraine en 1995 de ce forfait international.

Cette macabre mission a été malheureusement acceptée par nos voisins qui nous déstabilisent par procuration et en tirent des dividendes éphémères tout en rêvant d’annexer une partie de notre territoire avec la complicité de certains de nos compatriotes.

La stratégie mise en place par la Communauté internationale est celle de la politique du LAISSER-FAIRE, c’est-à-dire : il faut laisser les Africains eux-mêmes faire le travail de désintégration et de décomposition du Congo. Le moment venu, ils viendront seulement reconnaître les morceaux qui en sortiront et l’affaire sera close. C’est ainsi que l’on tue en silence pendant 28 ans et personne ne lève la voix pour mettre fin à ce génocide qui constitue le plus grand conflit en terme de perte en vies humaines après la deuxième guerre mondiale. Hier c’était le CNDP, aujourd’hui c’est le M23 et plusieurs groupes armés, demain ça sera une autre invention et le génocide à huis clos continuera. Une sorte de dialectisation du conflit armée.

  1. L’ECHEC DE LA POLITIQUES DE DEFENSE DU PRESIDENT Félix TSHISEKEDI ET DE SON GOUVERNEMENT POUR DEFENDRE LA PARIE, PROTEGER NOS FRONTIETRES ET SECURISER LESS POPULATIONS ET LEUR BIENS

 

  • ECHEC SUR LE PLAN DIPLOMATIQUE

Le Président de la République et son Gouvernement se sont beaucoup attardés sur la diplomatie inefficace, mal planifiée et mal cordonnée, espérant mettre fin à cette guerre d’usure. Mais,  nous sommes au regret de constater que cette diplomatie a lamentablement échoué.

Ils ont tourné le dos à la SADEC en vue d’embrasser la EAC (East African Community), pensant changer les pyromanes en sapeur- pompiers. Aucun régime précédent au Congo n’a pensé intégrer le Congo dans cette Communauté de l’Est, car beaucoup de pays de cette Communauté ont des visées territoriales au Congo.

L’application de l’accord de Nairobi devient un leurre, car mal conçu au départ. D’abord son financement pose problème et puis, cet accord n’a jamais désigné le Rwanda comme agresseur du Congo à travers le M23. Ce qui est plus grave, c’est le fait de confier le commandement de cette force régionale au Kenya, au lieu de donner le commandement aux militaires de la RDC, Pays Cadre, foulant aux pieds notre souveraineté qui doit s’exercer à travers la primauté de nos forces armées sur terrain.

De même, l’accord de Luanda est aussi un échec. Le retrait sans conditions du M23 signé par le Rwanda n’a jamais eu lieu. L’échec diplomatique régional s’est manifesté dernièrement lors de la conférence de la SADEC qui a refusé de condamner le Rwanda comme agresseur du Congo. D’ailleurs, la réaction de la SADEC à ce sujet, montre à suffisance le mauvais choix opéré par notre diplomatie régionale.

Au niveau international, notre diplomatie a encore échoué. En dépit de nos lamentations à l’ONU, sur 193 Etats membres, seulement 3 Etats ont mentionné notre malheur devant la Communauté Internationale (la Pologne, le Burundi et la Belgique).

En plus, le dernier vote contre les « annexions » russes des territoires ukrainiens, a montré que nous avons des voisins dangereux. La République Centre-africaine, la République du Congo, le Soudan, et l’Ouganda se sont abstenus de condamner la Russie. Leurs abstentions peuvent signifier deux possibilités : soit ils veulent privilégier leurs relations avec la Russie, soit ils ne respectent pas le principe de l’intangibilité des frontières reconnues internationalement. Auquel cas, ils ne respecteraient pas les frontières de la RDC.

Notre propre vote en appui de la résolution traduit notre ambiguïté en diplomatie internationale, car d’une part, nous appuyons les Etats-Unis et d’autre part, nous refusons en même temps de faciliter la tâche à ce même pays dans la résolution de notre propre crise sécuritaire.

En effet, le Congo refuse de répondre aux demandes de la LOI LEAHY en vue de permettre une coopération militaire totale. Cette loi demande au Congo de débarrasser nos forces armées des officiers ayant commis des violations des droits de l’homme, cela permettra au Congo de bénéficier d’une assistance militaire sans restrictions. C’est une ambiguïté diplomatique qui marche contre nos intérêts.

La dernière tentative de réconciliation ou de médiation française par l’entremise du Président Emmanuel Macron à New York constitue énième échec de la diplomatie congolaise  sur fond du déficit criant d’évaluation et formulation.

  • ECHEC SUR LE PLAN DE LA SOLUTION MILITAIRE

L’état de siège a échoué. Depuis son début jusqu’aujourd’hui, les groupes armés continuent à massacrer les Congolais à leur souhait. Et comme cela ne suffisait pas, le M23 est venu occuper une partie de notre territoire qui est justement sous état de siège.

Le Président et son Gouvernement ont échoué dans la mise en place d’une forte armée républicaine et dissuasive, ne sont pas à mesure de  conclure des alliances militaires décisives pour permettre à nos forces armées de mettre fin à l’insécurité dans l’Est du pays, protéger nos frontières et sécuriser nos populations. L’insécurité gagne tout le territoire national, en plus de l’Est, l’Ouest est aussi atteint : Mai-Ndombe, Kwango, Kwilu. L’Equateur attend son tour et même la Ville de Kinshasa est dans l’incertitude.

Le déficit de désinfiltration, la lutte contre la corruption militaire, de la politique sociale militaire, du sous-équipement sur fond de l’absence de la mobilisation et de la prospective offensive en sont autant d’éléments qui démontrent la faiblesse de la politique de défense du régime au pouvoir.

  • ABSENCE DE LA POLITIQUE DE LA COHESION ET DE L’UNITE NATIONALE

Alors que le  Peuple attendait une mobilisation totale pour l’unité nationale et contre l’ennemi commun à la nation, par le Président de la République et son Gouvernement, ces derniers ont manqué aux devoirs impérieux de conscientiser, de sensibiliser et de mobiliser l’ensemble de notre peuple (la classe politique, la société civile dans toute sa diversité, les Grands Chefs religieux Catholiques et Protestants …) autour du problème crucial de la balkanisation du pays. Cela dénote des crises majeures, de leadership, de mauvaise gouvernance, de mauvaise politique et sécuritaire. Ces crises aggravent la fragilité interne de la RDC et accroit le danger de la balkanisation.

  • Il y a d’abord la crise de leadership visionnaire qui doit se lever au moment où la nation est en péril en vue d’orienter la lutte et canaliser les opinions, comme c’est le cas avec le Président Ukrainien. Ce leadership est inexistant.
  • Il y a ensuite la crise de gouvernance. La mauvaise gouvernance économique, sociale, et judiciaire, constitue un grand handicap pour mobiliser le peuple. Une absence de résultats de développement, la corruption généralisée et l’enrichissement sans cause de la classe dirigeante ainsi que l’inefficacité de la justice rendent difficile la mobilisation du peuple par le pouvoir en place.
  • Enfin, la crise politique, notamment, le manque de dialogue politique démocratique qui doit guider l’organisation des élections crédibles, pour résoudre les problèmes sécuritaires, et autres, fragilise la cohésion nationale.

 

  1. NOTRE PLAN DE SORTIE DE CRISE :

C’est après avoir constaté que le Président de la République et son Gouvernement ont échoué dans leur missions régalienne de protéger nos frontières, de sécuriser les territoires, les populations et leurs biens, sachant que la défense de la patrie est sacrée et inconditionnelle, nous venons en tant que patriote, prendre nos responsabilités pour défendre la patrie en danger et dénoncer le régime au pouvoir d’avoir trahi la nation et vous présenter notre plan multidimensionnel de sortie de crise.

C’est l’application conjuguée de ces différentes solutions qui marquera une fin définitive aux crises cycliques que nous connaissons dans notre Pays. Notre plan comporte quatre dimensions : juridique, diplomatique, militaire et politique dont voici les articulations :

  1. La solution juridique :

Nous avons toujours combattu pour la démocratie et un Etat de droit au Congo. Nous rejetons l’impunité tant au niveau national qu’international.

C’est ainsi que nous proposons  la création d’un Tribunal Pénal International pour le Congo. Cette approche judiciaire doit réparer les préjudices causés aux citoyens congolais privés, victimes des actes des guerres, ainsi qu’à l’Etat congolais.  C’est au regard de cette approche qu’entre autres, le Rapport Mapping des Nations-Unies doit être exploité et que justice soit  rendue aux millions des morts Congolais. Le régime au pouvoir doit se battre aux Nations Unies pour obtenir l’instauration de ce tribunal qui doit prendre en compte les faits commis depuis 1994 jusqu’à ce jour.

  1. La solution diplomatique :
  • Il faut obtenir le retrait, sans conditions, du M23 du territoire congolais ; ceci fait partie du respect de la loi internationale et de la Charte de l’Union Africaine que nos voisins doivent respecter ainsi que la Communauté internationale ;
  • Nous nous opposons aux accords de Nairobi et de Luanda pour des raisons déjà évoquées plus haut ; par contre, nous proposons l’implication directe et sincère des Etats-Unis dans la résolution définitive de ces crises récurrentes. La Grande Bretagne, comme  puissance hégémonique au 19ème siècle,  a sauvé le Congo des atrocités de l’Etat Indépendant du Congo, et les Etats-Unis, en tant que puissance hégémonique actuelle, peuvent en faire autant.
  • Nous exigeons, la publication et un débat citoyen sur les accords signés avec nos voisins pour que le peuple soit impliqué à son dessein futur. La survie de la nation est trop chère.
  1. La solution militaire :
  • Nous devons relever le défi de la grandeur des Forces Armées Congolaises qui n’ont jamais perdu une guerre, de la force publique avant l’indépendance jusqu’à 1997. Elles ont par contre à leur actif des exploits tels que les victoires de SAIO, GAMBELA, ETHIOPIE, BIRMANIE, FARAJE, TCHAD etc.

La crise de Balkanisation et d’insécurité en l’Est du Pays, sur le plan militaire, elle ne peut être résolue que par l’armée congolaise, les FARDC à qui nous avons pleinement confiance ; la solution ne viendra, ni des forces militaires régionales, ni de la MONUSCO.

Sur ce, nous préconisons sur le plan politique de défense de notre armée, l’introduction des quelques facteurs correctifs dans son organisation et dans sa gestion, notamment la restructuration, le nettoyage de l’armée, le renforcement de capacité militaire et idéologique, les équiper et bien les traiter socialement, afin de la permettre de défendre et de protéger notre territoire avec puissance et efficacité,  reprendre sa grandeur historique d’une armée invincible.

La même politique doit s’étendre à la Police nationale et aux services de renseignements du pays. Des moyens conséquents doivent être mis à la disposition de l’armée et les services de renseignement. Les forces étrangères ne doivent pas commander les FARDC sur notre territoire.

Les alliances militaires sont permises en politique. Nous sollicitons le concours des puissances militaires qui le veulent, de nous aider à mettre définitivement fin à ces crises cycliques dans notre pays.

  1. La solution politique :
  • Toutes les institutions politiques du Pays ayant échoué aux devoirs impérieux de la défense et de sauvegarde de l’intégrité territoriale, de sécuriser et de protéger les citoyens et de leurs biens, nous recommandons à la population de s’approprier de la lutte pour l’unité nationale contre la Balkanisation.
  • Nous exhortons le peuple de solliciter de nos Père spirituels, notamment les Chefs religieux catholiques et protestants, de nous guider, de nous orienter, de nous encadrer, bref, de nous accompagner dans ce combat contre la Balkanisation.
  • Nous appelons le peuple congolais à l’unité et à la réconciliation nationale pour créer la cohérence qui va booster la cohésion nationale sans laquelle la survie de la Patrie reste un leurre face à nos ennemis intérieurs et extérieurs ;
  • Etant donné que nous ne pouvons pas transiger sur la survie de l’Etat Congolais, et que nous nous retrouvons seuls contre tous, les forces vives de la nation, doivent se rassembler indépendamment de leurs appartenances politiques, et lancer un message fort et clair à la Communauté Internationale que le Congo restera UN et INDIVISIBLE ;
  • Chaque Congolais doit s’approprier de la lutte et se prendre en charge contre la Balkanisation du Congo. Il doit se lever contre ce projet macabre partout où il se trouve, dans les écoles, les Universités, les Eglises, les marchés etc. Chacun a la responsabilité de faire passer ce message, que vous soyez politicien, musicien, animateur des réseaux sociaux, journaliste, enseignant, homme de Dieu etc. Toutes les langues du pays doivent être utilisées pour atteindre toutes les couches de la population. Ne pas s’impliquer dans cette lutte, c’est trahir la  Patrie ;

« ON NE LIBERE PAS UN PEUPLE, LE PEUPLE SE LIBERE PAR LA

   LUTTE » ;

 « SEULE LA LUTTE LIBERE ».

 

Kinshasa le 28 octobre 2022.

Honorable Franck DIONGO

Président Nation

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